
L’eau vive
« L’eau, c’est la vie », comme le souligne la tradition. Et, justement, la foi du peuple hébreu met tout au long du Premier Testament la présence de l’eau. L’eau est à la base de sa foi en Dieu, Pareillement, le Nouveau Testament, souligne l’immensité de sa présence en Jésus. Voilà qui nous invite à reconnaître toute la place de l’eau dans le baptême. L’eau n’est pas une matière banale, comme nous pourrions le croire. Elle a la vertu de pouvoir se couler en toute forme.


Au tout début du livre de la Genèse, nous lisons : » Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. »
Ce propos biblique n’a rien de scientifique. Il veut simplement nous dire la place basique, essentielle de l’eau dans la vie. Il suffit de lire la recherche passionnée contemporaine des traces d’eau sur la planète Mars pour s’en convaincre.
Dieu nous parle toujours à partir de l’ordinaire de l’existence pour nous mener plus haut avec lui. Nous savons l’importance des étapes à franchir pour gagner en vitalité. La vie commence toujours petit, mais elle fait grandir les enfants que nous sommes aux yeux de Dieu. Regardons aussi les plantes et les animaux qui nous entourent. Ils poussent avec de l’eau. Nous aussi. Mais c’est Dieu qui nous entraîne encore plus haut, comme nous le montre le baptême.
Parmi les moments les plus spectaculaires et très connus de la force de l’eau, figure la libération des Hébreux, esclaves en Égypte. Les chars de Pharaon, qui voulait les éliminer, ont été noyés dans l’eau. Avec Moïse, les Hébreux traversèrent la mer des Roseaux à pieds secs, tandis que les chars de Pharaon, qui voulaient les rattraper, furent engloutis par le reflux des eaux (livre de l’Exode, chapitre 14). Tel fut le premier grand signe de Dieu reconnu en faveur de son peuple, et qui annonce déjà le baptême : notre libération, notre élévation, à la fois collective et personnelle.
Dans le Nouveau Testament, un premier exploit de Jésus eut lieu aux noces de Cana, comme nous le lisons, dans l’Évangile de saint Jean :
https://www.aelf.org/bible/Jn/2
À la demande de sa mère, Jésus change de l’eau en vin, et il élève l’ordinaire qu’est l’eau en vin des noces. Il nous est donné en même temps de comprendre ce que Jésus signifie quand il déclare à sa mère, comme nous venons de le lire : « Mon heure n’est pas encore venue. » Il pense à son sang qu’il versera sur la croix.
Il se trouve aussi une histoire d’eau entre Jésus et une Samaritaine au chapitre 4 de l’Évangile selon saint Jean. Jésus vient de marcher et il fait chaud. Il a soif et s’arrête à un puits où une femme vient chercher de l’eau. Il lui demande à boire.
https://www.aelf.org/bible/Jn/4
La Samaritaine s’étonne qu’un Juif lui adresse la parole, car les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains, pris pour des hérétiques. La réponse de Jésus, au verset 10, l’étonne plus encore : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive. »
L’eau plate ouvre la porte à une autre eau, qui vient, par la suite, élever la vie, jusqu’au ciel, comme nous allons le voir.





Jésus a été baptisé par Jean-Baptiste dans l’eau du Jourdain, une eau plate. Il est baptisé après que beaucoup de personnes l’ont été. On dirait qu’il veut prendre sur lui la saleté des humains pour les en libérer et les rendre propres. Par l’eau, Dieu veut vaincre le mal, le noyer. Ce baptême en annonce, en fait, un autre, comme nous le lisons dans l’Évangile : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais déjà qu’il fût allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit consommé ! » Luc 12, 50).
Ainsi, l’eau du Jourdain en annonce une autre, celle qui eut lieu sur la croix, et tirée du cœur de Jésus, lorsque « un des soldats, de sa lance, lui perça le côté, et qu’il sortit aussitôt de l’eau et du sang » (Jean 19, 34).
Voici l ‘eau vive, depuis si longtemps attendue, dont Jésus avait parlé à la Samaritaine, et qui nous sauve. Jésus offre sa vie pour nous libérer de notre saleté, nous relever, nous élever.
L’eau plate est donc riche d‘histoire, dès les origines de la Création, grâce à Dieu. Nous est offerte, grâce à lui, en Jésus, la résurrection de la chair. Si donc la nature humaine n’est pas sans l’existence de l’eau, elle est promise à la réception de la nature divine, grâce à l’eau vive. Quelle élévation ! Le Ressuscité, qui est apparu à ses disciples, le jour de Pâques, le manifeste sur notre chemin pour notre éternelle jubilation. Voilà pourquoi le baptême est célébré à Pâques.
Nous admirons en cette eau l’immense, la merveilleuse pédagogie de Dieu, un secret qui se découvre au fur et à mesure de notre existence.